Contes
Détente / Contes / Arabe
LES FANFARONNADES ET LES RUSES DE DJEHA N° : 37
Une riche personnalité du village donnait un grand banquet et Djeha n'y avait pas été invité. Il se présenta néanmoins au dîner, alla trouver l'hôte et lui dit :
- Je suis juste venu te dire que certains, au village, racontent qu'il n'y a pas plus avare que toi.
- Moi avare ! Si je l'étais, est-ce que je donnerais ce banquet ?
- Me voilà rassuré, dit Djeha, les gens qui parlent ainsi ne sont que des mauvaises langues, jaloux de ta prospérité. Quant à moi, je n'ai jamais douté de ta générosité.
Et il alla tranquillement s'asseoir à une des tables.
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DJEHA ET TAMERLAN N° : 41
Le pouvoir de divination de Djeha
Un jour qu'il se rendait au palais de Tamerlan, Djeha vit son garde-chiourme bastonner un innocent.
- Tu ne l'emporteras pas au paradis, lui dit Djeha, d'autant plus qu'en consultant le marc de café à ton sujet, j'y ai vu ta mort prochaine.
Il advint que, deux jours plus tard, le bourreau fut renversé par une calèche qui roulait à vive allure dans les rues du village. Il en mourut.
Mis au courant du présage de Djeha, Tamerlan, affecté par cette mort, décida de le mettre à mort. Encadré par deux gardes tenant levé un grand sabre tranchant, il fut présenté au souverain qui lui dit :
- Puisque tu as de grands pouvoirs de divination, tu as dû prévoir le jour de ta propre mort.
- Ce sera pour aujourd'hui, répondit Djeha qui ajouta :
j'ai aussi vu dans le marc que votre mort est prévue le lendemain de la mienne.
Et c'est ainsi que, mécontent mais prudent, Tamerlan demanda aux gardes de baisser leur sabre et laissa la vie sauve à Djeha.
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DJEHA ET TAMERLAN N° : 44
Tamerlan souhaita examiner les registres fiscaux de la ville proche. Le fonctionnaire responsable de la collecte des impôts fut convoqué et on lui demanda de comparer les revenus avec les registres. Le fonctionnaire fut incapable de satisfaire le souverain.
Tamerlan ordonna aussitôt :
- Faites-lui manger les registres fiscaux. Les Chambellans déchirèrent les livres en menus morceaux et les présentèrent à l'ex-fonctionnaire pour
qu'il les mange.
Tamerlan donna un autre ordre :
- Djeha, je te nomme collectionneur des impôts. La parole de Tamerlan ayant force de loi, ainsi fut fait. Le temps passa. Tamerlan veut alors examiner les
performances de l'officier fiscal nouvellement nommé. Djeha est convoqué et le voilà qui se présente à Tamerlan, avec, entre ses mains, une pile de galettes
sur lesquelles apparaissent des lignes de comptabilité.
- Quelle insolence ! Dit Tamerlan, en colère. Il t'a été demandé de venir avec les registres fiscaux !
Ce à quoi Djeha répondit :
- Votre Éminence, Ce sont des livres fiscaux. Est-ce que je ne devrai pas les manger ?
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DJEHA ET TAMERLAN N° : 45
Si nous ne pleurons pas, qui le fera ?
Tamerlan était un homme laid, borgne et boitait. Un jour, alors que Djeha était avec lui, il tira sur ses cheveux et souhaitant les couper, appela ses gens :
- Appelez-moi le coiffeur !
Le coiffeur entre, coupe ses cheveux et, comme d'habitude, donne un miroir à Tamerlan. Ce dernier regarda dans le miroir, se vit et découvrit qu'il était laid. Il commença à pleurer. Djeha pleura aussi avec lui. Donc ils pleurèrent ensemble pendant plusieurs heures.
Les gens de Tamerlan essayaient de le calmer en lui racontant des histoires drôles. Ses pleurs cessèrent, mais pas ceux de Djeha.
- Écoute ! Dit Tamerlan à Djeha. J'ai regardé dans le miroir, je me suis trouvé laid et je suis devenu triste, non seulement parce que je suis le roi, mais aussi parce que je suis riche, j'ai beaucoup de femmes. Je suis laid, c'est la raison pour laquelle j'ai pleuré. Mais en ce qui te concerne ? Pourquoi as-tu pleuré et continues-tu de pleurer ?
- Vous vous êtes regardé dans le miroir une seule fois, vous vous êtes vu et vous avez pleuré, parce que vous ne pouviez pas vous en empêcher. Mais nous, qui
devons voir votre visage tous les jours ? Si nous ne pleurons pas, qui le fera ? C'est la raison pour laquelle je pleure ! Répondit Djeha.
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DJEHA ET TAMERLAN N° : 46
Devant tant d'insolence, Tamerlan se décida un jour de se débarrasser de Djeha. Il le condamna à mort, plus précisément à être piétiné par son éléphant favori.
- Bonne idée, lui dit Djeha, mais c'est là un supplice dangereux !
- Imbécile ! C'est là mon but !
- C'est un supplice dangereux mais pour l'éléphant !
Avec le régime que tu imposes à tes serviteurs, je n'ai plus que la peau et les os et je crains qu'un bout d'os ne s'enfonce dans le pied de l'éléphant. Pourquoi veux-tu
le faire souffrir ! Par contre, tu pourrais, sans danger, faire piétiner ton comptable qui est bien gras !
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SAVANTS, IGNORANTS ET DJEHA N° : 47
Djeha plantait un pommier dans son jardin quand le sultan vint à passer ; il s'arrêta et dit à Djeha, d'un ton moqueur :
- Voyons, Djeha ! Pourquoi te donnes-tu tant de peine ?
Tu ne mangeras jamais les fruits de ce pommier. Tu sais bien que tu mourras avant qu'il ne commence à produire des pommes.
Ce à quoi Djeha répondit :
- Oh Sultan ! Nous mangeons les fruits des pommiers plantés par nos pères, et nos enfants mangeront les fruits des pommiers plantés par nous.
Cette réponse pleine de sagesse plut au sultan qui, en récompense, donna une pièce d'or à Djeha.
- Oh Sultan ! , Dit Djeha en empochant la pièce, voyez comme ce pommier a déjà donné des fruits.
Cette remarque fit rire le sultan, qui lui donna une autre pièce d'or.
- C'est de plus en plus extraordinaire, s'écria Djeha.